29 novembre 2015
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Nancy Oddo, « « Une vieille matière d’une manière nouvelle » ou comment romancer la Vie de sainte : Roselis ou l’histoire de sainte Suzanne de Jean-Pierre Camus (1623) », Les Dossiers du Grihl, ID : 10.4000/dossiersgrihl.6338
Dans son avis au lecteur de Roselis ou l’histoire de sainte Susanne (1623), Jean-Pierre Camus, évêque romancier, déclare renouveler le genre hagiographique par une poétique inédite définie dans un ample encadrement péritextuel : outre le changement du nom de la sainte, il propose des digressions qui doivent primer sur le récit des faits. Sollicitant la rhétorique de l’energeia, le texte déploie dialogues, descriptions, analogies et intrusions d’auteur à visée édifiante qui, paradoxalement, limitent l’accès à l’intériorité des personnages et tiennent à distance les affects du lecteur. La nouveauté inhérente au récit réside bien plus dans son esthétique (la varietas) et sa pragmatique qui actualisent et concrétisent les conseils, mais surtout dans son usage polémique contre les protestants et politique au service de Louis XIII qui inaugure une série d’entrées royales après sa victoire en Languedoc. Dans ce contexte, Roselis christianise le genre de l’encomiastique royale autant que la figure de Susanne, que l’iconographie a dénudée dans son bain. Camus dés-érotise cette scène clé en rappelant son sens chrétien : le baptême.