26 février 2018
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Dinah Ribard, « La première personne du singulier », Les Dossiers du Grihl, ID : 10.4000/dossiersgrihl.6894
Dans l’œuvre de Michel de Certeau, littérature n’est pas le nom d’un corpus, ni de corpus qui pourraient varier d’un ouvrage à l’autre. Le mot, fondamentalement, ne sert pas à distinguer certains écrits des autres. La littérature, c’est ce qui s’écrit ; c’est l’ensemble formé par tout ce qui s’écrit. Il s’est passé quelque chose, quelque chose est apparu, a disparu, de la littérature s’écrit ; elle s’accumule. Chez Certeau, d’autre part, le moment où ce qui s’écrit devient de l’histoire, fondation réciproque du passé comme passé et du présent comme différent, se dit à la première personne du singulier. Cet article propose quelques remarques sur ce je opérateur d’histoire, dans la réflexion de Certeau et dans ses analyses d’écrits rédigés à la première personne, pour lesquelles il fait usage de la distinction entre « la formalité du constatif (i.e. la description des idées et des choses) » et celle « du performatif », qui permet de comprendre le « texte » comme « un dispositif réglant des relations sociales, établissant des conventions entre locuteurs, et organisant leurs places réciproques grâce à ce que Ducrot appelle des "manœuvres stylistiques" ».