8 octobre 2020
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Sandrine Sorlin, « L’inquiétante étrangeté du langage dans Riddley Walker de Russell Hoban », Études britanniques contemporaines, ID : 10.4000/ebc.9532
Le langage qui compose l’œuvre de Hoban est unheimlich à trois niveaux différents : au niveau linguistique d’abord, les mots se présentant sous une forme peu familière (un-heimlich). L’idiome anglais est difficilement reconnaissable. Les syllabes sont tronquées, malmenées, comme si le langage avait lui-même subi de plein fouet la catastrophe nucléaire. Au niveau diégétique ensuite, le langage recelant, selon les personnages, des pouvoirs cachés (geheim) qu’il faut à tout prix découvrir pour accéder de nouveau à la grandeur passée. Au niveau narratif enfin, puisque c’est finalement au lecteur seul que restent accessibles les « secrets » de la langue. Le langage se pare d’une inquiétante étrangeté (das Unheimliche) car ce qui aurait dû rester dans l’ombre rejaillit au grand jour. Les mots alourdis de sens multiples sont porteurs d’une vérité qui n’arrive plus à se cacher.