19 octobre 2020
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Sabina Lovibond, « Post-Existentialist Moments: Murdoch and Highsmith », Études britanniques contemporaines, ID : 10.4000/ebc.9703
« Roquentin est platoniste de nature », remarque Iris Murdoch à propos du héros de La nausée de Sartre, qui ne supporte pas la vulgaire contingence des choses existantes. Cet état pathologique de détachement répondrait peut-être à un simple changement d’attitude, ou on peut également en tirer un idéal éthique de détachement comme celui de la « décréation » de Simone Weil. Pourtant, à côté de ce « platonisme calme », on découvre aussi un « platonisme fâché ». La contemporaine de Murdoch, Patricia Highsmith — elle-même fortement influencée par la pensée existentialiste — médite sur ce thème dans son roman (polar) Strangers on a Train, où les principes de l’ordre et de la permanence se heurtent à la singularité psychopathologique d’un homme convaincu qu’il vaut mieux tuer que de « mourir comme des moutons ». Highsmith semble indiquer encore une espèce de « détachement moral ». Mais Murdoch ne se laisse pas séduire par « l’acte gratuit » transcendant : sa résistance active à cette idée va ensuite former sa philosophie mûre.