17 janvier 2019
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Paul Dumont, « L’instrumentalisation de la religion dans l’Empire ottoman à l’époque de l’expansion européenne (1800-1914) », European journal of Turkish studies, ID : 10.4000/ejts.5933
Cet article porte sur l’utilisation de la religion par le pouvoir central ottoman afin d’empêcher la perte de territoires (et de populations) de la fin du 18e au début du 20e siècle. Après le traité de Küçük Kaynarca, le souverain ottoman et son entourage ont décidé de faire usage de son statut califal dans deux directions différentes. D’une part, la direction symbolique de lʼUmmah revendiquée par le sultan a été mobilisée dans des territoires musulmans éloignés afin de gagner des alliés extérieurs ; d’autre part, la Sublime Porte a instrumentalisé le titre de calife pour faire accepter aux puissances occidentales que, même perdus, les territoires comprenant des populations musulmanes autrefois sous domination ottomane resteraient sous la juridiction religieuse du sultan. Mise en œuvre à partir des dernières décennies du 18e siècle, cette politique a relativement bien réussi. Les divers traités bilatéraux ou multilatéraux auxquels le gouvernement ottoman était partie ont abouti à l’établissement de liens solides et durables entre Musulmans de régions autrefois ottomanes, telles que la Grèce, la Bulgarie, la Bosnie ou la Crimée.