Modiano romancier, une écriture en état de veille

Fiche du document

Date

16 octobre 2021

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Source

ELFe XX-XXI

Relations

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2257-5529

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2262-3450

Organisation

OpenEdition

Licences

https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess




Citer ce document

Anne-Yvonne Julien, « Modiano romancier, une écriture en état de veille », ELFe XX-XXI, ID : 10.4000/elfe.3088


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En

Sur une question comme celle de l’engagement de l’écrivain dans la cité, l’œuvre de Modiano mérite d’être observée avec attention. Car il est des lecteurs pour souligner la pertinence de la grille interprétative d’un Modiano en prise sur les traumatismes historiques liés à la Seconde Guerre mondiale, la période de l’Occupation et ses séquelles dans la France d’après-guerre : ceux-ci se réfèrent essentiellement à La Place de l’Étoile (1968) et à la première trilogie, au scénario de Lacombe Lucien (1974), à Dora Bruder (1997) ou à Un pedigree (2005), ainsi qu’à divers textes préfaciels éclairants. D’autres lecteurs le tiennent, avant tout, pour un écrivain de la déambulation nostalgique et voient davantage l’Histoire dans son œuvre comme une toile grise d’arrière-plan, tissée de fils familiaux. Cette binarité est, à nos yeux, réductrice. Il existe des modalités diverses de préoccupation historienne chez Modiano. Tout repose le plus souvent sur une rhétorique du détour, dont l’efficacité est puissante : c’est ce système allusif et sa portée éthique que nous essaierons de décrypter ici, en montrant que dans nombre de ses récits, l’ombre de l’Histoire ne s’éloigne qu’en apparence. Car jamais la voix narratrice ou l’instance focalisatrice de ces récits ne se détache d’un passé qui fait retour, obstinément, dans la mesure même où il a la couleur de l’abject… On s’interrogera sur la manière dont Modiano aborde, dans son œuvre, l’énigme historique de la Collaboration. On s’intéressera notamment au mécanisme métaleptique qui régit le roman Les Boulevards de ceinture (1972), et à son enjeu principal : faire intrusion au présent dans une « drôle d’époque » et parmi de « drôles de gens ». Puis on reviendra sur le refus, chez l’écrivain, en dépit des aspirations souvent exprimées par les narrateurs de ses récits, de refermer trop vite la parenthèse des années noires.

On a question such as that of the writer’s involvement in the city, Modiano’s work deserves close attention. There are readers to underline the idea of Modiano’s engaging in the historical traumas linked to the Second World War, the period of Occupation and its after-effects in French post-war. These readers mainly refer to La Place de l’Étoile (1968) and the first trilogy, to the screenplay titled Lacombe Lucien (1974), to Dora Bruder (1997) or to Un pedigree (2005), as well as to various prefacial texts. Other readers see him primarily as a nostalgic wandering writer and consider that History, in his work, is a sort of gray backdrop, woven from family threads. This binary system is, in our eyes, reductive. There are various modalities of historian point of view in Modiano’s texts. Everything is most often based on an indirect speech, the efficiency of which is obviously great : it is this allusive system and its ethical scope that we will try to describe here, by showing that, in many narrative texts, the shadow of History only recedes in appearance. In fact, the narrative voice and the focal point of these stories are never far from the past. And these periods of the Second World War are back and back again, with the color of the abject... We will wonder about the way in which Modiano approaches, in his work, the historical enigma of the Collaboration. We will be particularly interested in the metaleptic mechanism that governs the novel Les Boulevards de ceinture (1972), and its main issue : intruding readers into a « strange era » and among « strange people ». Then we will come back to the writer’s refusal, despite the aspirations often expressed by the narrators of his stories, to close too quickly the parenthesis of the dark years.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en