Peut-on penser une posture collective ? Tentative de théorisation à travers l’exemple du collectif inculte

Résumé Fr En

Depuis les travaux de Jérôme Meizoz, la notion de « posture » connaît un fort succès critique. Mais, si la recherche a analysé les images construites par de nombreux auteurs dans et hors du texte, elle s’est encore peu intéressée à la question des postures collectives. Pourtant, tout groupe littéraire, en tant qu’il occupe une position au sein du champ, est amené à se donner une posture, dès lors qu’on l’envisage comme « une manière singulière d’occuper une position » (Jérôme Meizoz). Il s’agira donc de proposer une première ébauche théorique du concept de « posture collective », en étudiant ses lieux et ses modes de création et d’exposition ainsi que les jeux de concurrence entre posture individuelle et collective, pouvant provoquer des cas de discordance posturale ou au contraire d’appropriation voire de confiscation de la posture commune.Pour mener cette étude, nous aimerions nous appuyer sur l’exemple du collectif Inculte. S’il emprunte à la famille posturale des avant-gardes certains traits de son image collective (camaraderie, esprit potache), il s’en distingue en évitant soigneusement les lieux de définition traditionnelle d’une posture unifiée, en particulier le manifeste et la figure du chef de file. Le défi serait alors d’identifier les modes d’élaboration de cette posture fuyante au sein d’un groupe qui s’attache à promouvoir un geste collectif de création sans homogénéisation dogmatique (esthétique ou politique). À partir de leurs ouvrages collectifs et de la revue Inculte, en explorant les convergences de leurs déclarations, la circulation et la reprise de formules touchant au groupe et à la littérature, l’élection commune d’auteurs-mana formant une bibliothèque Inculte, mais aussi leur présence et leurs interactions sur les réseaux sociaux, il deviendrait ainsi possible de préciser les contours d’un autoportrait diffracté.

Since it has been theorized by Jérôme Meizoz, the notion of “posture” has been a popular concept among critics. But, if researchers have analyzed the images constructed by numerous authors in and out of the text, they have not yet so far been very interested in the question of collective postures. However, any literary group, insofar as it occupies a position within the field, is led to give itself a posture, as soon as one considers it as “a singular way of occupying a position” (Jérôme Meizoz). It will thus be a question of proposing a first theoretical draft of the concept of “collective posture”, by studying where and how it may be created and showed as well as how individual and collective posture can compete, causing cases of postural discordance or on the contrary of appropriation even of confiscation of the common posture.To carry out this study, we would like to rely on the example of the Inculte collective. If it borrows from the postural family of the avant-gardes certain features of its collective image (camaraderie, a sense of humour), it distinguishes itself from it by carefully avoiding the traditional places of definition of a unified posture, in particular the manifesto and the figure of the leader. The challenge would then be to identify the modes of elaboration of this elusive posture within a group that strives to promote a collective gesture of creation without dogmatic homogenization (aesthetic or political). From their collective works and the Inculte magazine, by exploring the convergences of their declarations, the circulation and the resumption of formulas touching the group and the literature, the common election of authors-mana forming an Inculte library, but also their presence and their interactions on the social networks, it would thus become possible to specify the contours of a diffracted self-portrait.