3 décembre 2021
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Sara Salem, « (Anticolonial) Revolution as a Felt Archive », Égypte/Monde arabe, ID : 10.4000/ema.14769
Arwa Salih, éminente militante communiste, commence ses mémoires sur la révolution anticoloniale en Égypte en invoquant la notion de hanter (haunting), que l’on traduira ici par un sens littéral de « hantise » : « Je me sentais profondément détachée de la « lutte nationale » qui hante chaque phrase de ce livre. » Elle a donné un titre évocateur à ses mémoires : Le mort-né, en référence à un projet qui, inachevé, semblerait avoir « échoué », mais qui pourtant continue de tous nous obséder. Cet article affirme que le sentiment d’être hanté(e) ou l’expérience de l’échec constituent des cadrages ouvrant des possibilités nouvelles pour aborder l’anticolonialisme et ses prolongements en tant que paysage affectif. Je mobilise ici la notion de hantise telle que l’entend Arwa Salih ainsi que les travaux de Dian Million sur les archives des sentiments et la théorie du ressenti (felt theory) afin d’explorer la lutte anticoloniale et les politiques postcoloniales au prisme des sentiments. Comment analyser ces moments en faisant appel à des sentiments tels que l’espoir, la promesse, le chagrin, et d’autres encore ? J’affirme qu’une compréhension affective des événements révolutionnaires est au cœur de la théorisation du moment anticolonial et de ses effets.