15 juillet 2013
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André Mary, « De l’épaisseur de la description à la profondeur de l’interprétation », Enquête, ID : 10.4000/enquete.1433
Cette présentation est inséparable du travail de traduction et de la fréquentation de la pensée de Geertz, de ses nuances, de sa subtilité, de ses méandres. Elle entend restituer les enjeux d’un manifeste dont l’intention épistémologique et le souci méthodologique ont été submergés par les débordements du « geertzisme » et des méta-ethnographes, spécialistes de la déconstruction du discours anthropologique. Le caractère très problématique de la notion de description « dense » ou « épaisse » — dont le destin dans l’œuvre de C. Geertz se révèle tout aussi mystérieux — est l’envers du défi théorique et méthodologique qu’elle affronte. En empruntant l’expression à G. Ryle tout en la réinterprétant dans des termes proches de l’herméneutique de P. Ricœur, C. Geertz cultivait, non sans malice, le malentendu mais il témoignait aussi de son refus de l’alternative décrire / interpréter. Le paradigme du « texte » comme source d’intelligibilité de la texture des actions humaines est finalement la clef de la nouvelle anthropologie interprétative et les enjeux de la textualisation d’une culture ne sauraient être rabattus sur le simple constat des contraintes de l’écriture ethnographique.