17 juillet 2013
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Baber Johansen, « La découverte des choses qui parlent », Enquête, ID : 10.4000/enquete.1576
L’article examine la question centrale de la possibilité de l’autonomie de la norme juridique en Islam. En comparant l’interdiction de la torture judiciaire par le formalisme de la procédure du fiqh classique (xe-xiie siècle) à la justification de cette torture dans les nouvelles doctrines concernant la « fonction politique de la normativité révélée » qui dominent le débat du xiiie et du xive siècle, il met en évidence, à l’origine du fiqh, le rôle des personnes charismatiques de la première communauté musulmane (le prophète, ses compagnons, les premiers califes) dans la construction des normes juridiques. Pour que leur pratique religieuse et politique puisse servir de source à la construction des normes juridiques, elle doit être interprétée et classée d’après des catégories juridiques. La justification des règles juridiques par référence à cette pratique, interprétée et classée, sert de légitimation religieuse à la construction des systèmes juridiques du fiqh ; cette systématisation est la condition de l’autonomie (toute relative) de la norme juridique vis-à-vis des normes politiques et religieuses. L’exemple des doctrines des xiiie et xive siècles montre que cette autonomie peut toujours être mise en question par l’appel à l’abandon de la norme juridique dérivée en faveur du retour à l’exemple politique et religieux de la pratique charismatique.