3 octobre 2017
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Jean-Pierre Cavaillé et al., « Une histoire sociolinguistique de la possession d’Aix-en-Provence (1610-1611) », Études Épistémè, ID : 10.4000/episteme.1660
Dans cette grande affaire de possession du début du XVIIe siècle (dite aussi affaire Gaufridy ou Madeleine de Demandols), les diables sont extrêmement prolixes et d’autant plus qu’y domine la figure du diable prédicateur. Après avoir rappelé les circonstances et le contexte de cette affaire célèbre et des textes qui en ont assuré la publicité (surtout L’Histoire admirable des exorcistes Sébastien Michaelis et François Dooms), nous nous arrêtons sur la question des capacités et des limites linguistiques des diables. D’abord, il y a le fait que la connaissance de langues non apprises (ici le latin) est considérée à cette époque comme le signe majeur de la possession, mais elle est aussi très contestée et au cœur des controverses qui ne manquèrent pas d’agiter cette affaire, paradigmatique à bien des égards. Mais il y a d’autre part le fait massif, et pourtant occulté par la littérature apologétique et historiographique en français que les diables d’Aix parlaient très majoritairement l’occitan provençal, comme du reste tous les autres protagonistes. L’article est largement consacré à l’analyse sociolinguistique de ces langues en présence : provençal, français et latin et d’abord à la question des appartenances culturelles, sociales et genrées des acteurs de la possession et du procès : juges, exorcistes, possédées, public populaire et lettré des exorcismes.