7 novembre 2018
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Cindy Morillas, « Domination et résistance étudiante au sein d’un « lieu clos et apolitique » : l’université camerounaise (1962-2014) », L’Espace Politique, ID : 10.4000/espacepolitique.5118
Dans le contexte autoritaire Camerounais, l’université est officiellement considérée comme un « lieu clos et apolitique ». Cet article analyse la genèse et l’évolution des dispositifs de pouvoir et de résistance, au sens large finalement utilisé par Michel Foucault, relatifs à la liberté d’expression des étudiants. S’appuyant sur des données qualitatives recueillies dans le cadre de ma recherche doctorale, l’article démontre que la genèse de ces dispositifs s’est faite par moments, avec des affinements progressifs liés aux évolutions du contexte politique et social. Entre 1963 et 1965, soit dans les premières années de l’université créée en 1962, les autorités mettent en place les deux dispositifs de pouvoir qui perdureront. Il s’agit d’une part de la répression des mobilisations étudiantes et, d’autre part, de la création d’associations étudiantes que nous qualifions d’« institutionnelles ». Ils ont pour objectif de faire face aux dispositifs de résistance que sont les manifestations étudiantes et les associations étudiantes « autonomes » (c’est-à-dire créées par les étudiants). L’impératif stratégique est, du côté du pouvoir, celui du contrôle de la parole étudiante et, du côté de la résistance étudiante, celui de la liberté d’expression. L’article démontre que, au-delà des évolutions de forme, ces impératifs stratégiques perdurent jusqu’à nos jours malgré la réinstauration du multipartisme en 1990.