2 mars 2020
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Mathilde Caro, « Éprouver l’attachement au lieu : l’épreuve d’un conflit de proximité », L’Espace Politique, ID : 10.4000/espacepolitique.6696
A partir d’une monographie menée à Montorgueil, quartier gentrifié du centre historique de Paris, cet article propose d’étudier les modalités d’attachement au lieu comme support et vecteur d’engagement dans le cadre d’un conflit de proximité – la mobilisation de riverains contre l’implantation d’un fast-food – envisagé comme une expérience par laquelle s’éprouve l’attachement. La question suivante a, en filigrane, guidé notre recherche : comment ce lien au lieu, par définition pluriel car il relève de l’individuel et de l’affectif, peut-il conduire à une mobilisation collective ? Nous soumettons l’hypothèse de la coexistence d’une pluralité d’attachements, pouvant s’étendre au-delà d’une échelle locale et conduisant à une coopération pour la défense d’un lieu. Dans un premier temps, nous nous intéresserons au contexte socio-spatial du conflit de proximité étudié. Nous présenterons une grille de lecture – issue de la littérature ainsi que des observations ethnographiques et entretiens qualitatifs réalisés dans le cadre de cette lutte – permettant d’observer empiriquement l’attachement au lieu. Dans un second temps, nous présenterons trois formes d’attachement au lieu, à travers l’étude des registres de justification mobilisés par les acteurs à l’épreuve de ce conflit : l’attachement au lieu symbolique, électif et civique. A travers le concept d’attachement au lieu, cet article souligne qu’une expérience spatiale de mobilisation ne relève pas nécessairement de la préexistence d’un groupe localisé : la diversité des liens affectifs que les individus entretiennent avec un lieu peuvent coexister et conduire à une forme de coopération, recouvrant diverses formes et modalités d’engagement. Ce travail propose notamment de contribuer à l’approche de l’attachement au lieu, concept encore méconnu permettant de saisir la dimension spatiale de liens sociaux.