10 décembre 2019
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Pierre Escudé, « Intégrations, « force d’intercourse », identités », Essais, ID : 10.4000/essais.291
Le mode d’enseignement des langues est induit par la représentation que les systèmes d’enseignement ont forgé des langues. Cette représentation est éminemment politique. Parler de langues étrangères revient à rejeter toute altérité au-delà de la sphère de notre propre langue. Or, linguistiquement et socialement, la langue existe, se développe et se définit dans la variation ; par ailleurs, les mobilités nous rappellent que la diversité des langues est une réalité de plus en plus forte et évidente. De ce point de vue, l’enseignement/apprentissage des langues pourrait s’apparenter davantage à une didactisation du contact des langues, prenant en compte leur diversité et leur variabilité. Dans ce cadre, la réalité de l’intercompréhension, devenue depuis quelques temps une méthodologie d’apprentissage, est particulièrement dynamique : véritable « force d’intercourse » selon le mot de Ferdinand de Saussure, elle permet de relier des parlers qui resteraient étanches entre eux.