10 décembre 2019
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Filippo Ulivieri, « From “boy genius” to “barking loon”: an analysis of Stanley Kubrick’s mythology », Essais, ID : 10.4000/essais.696
Demandez au public qui était Stanley Kubrick, et il vous répondra probablement : un technicien hors-pair, un perfectionniste insatiable, un patron tyrannique pour son entourage et son équipe, un génie obsessionnel, un auteur cryptique, un homme de plus en plus isolé du monde réel ne donnant jamais d’interviews, jamais aperçu en public; « sitting in the dark, surrounded by computers and machines, controlling the Earth. Doctor Mabuse, n°02 », plaisanta Kubrick lui-même en interview.Malgré les tentatives répétées de la part du cinéaste d’aller à l’encontre des aspects les plus excessifs de cette persona si étrange, et malgré les nouveaux commentaires, essentiellement positifs, quant à sa personnalité et à son modus operandi que fournirent depuis le décès de Kubrick des membres de sa famille ainsi que ses plus proches collaborateurs, l’image mythique de Stanley Kubrick endure dans l’imaginaire collectif et continue à être partagée par le plus grand nombre.Aucune analyse systématique n’a néanmoins été entreprise jusqu’à maintenant. Cette mythologie reste, sans remise en cause, perçue telle une chose qui a suivi et dérangé Kubrick et dont les origines sont à chercher du côté des médias, à un moment indécis.Cet article interroge pour la première fois la mythologie Kubrick, dans le but d’explorer la naissance et le développement de la persona du cinéaste afin de comprendre comment et pourquoi elle vit le jour, comment elle se construisit et évolua à travers les ans.A travers l’étude des articles publiés dans les médias américains et britanniques depuis 1948, année de la première interview de Kubrick (alors photographe) et jusqu’à 1999, l’année de son décès, cette étude recense 50 ans de perception du cinéaste, de ses débuts en tant « boy genius » à son statut de « barking loon », et réévalue le rôle du réalisateur lui-même dans le façonnement de son image auprès du public et de l’industrie cinématographique.