Les impasses de la transe à l’école

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7 décembre 2018

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Andrea Ceriana Mayneri, « Les impasses de la transe à l’école », Cahiers d’études africaines, ID : 10.4000/etudesafricaines.23393


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Depuis des années, des transes se succèdent dans des établissements scolaires de N’Djamena et touchent principalement des étudiantes. Dans cet article, j’analyse certaines réactions d’enseignants et de parents, mais aussi des médias et des autorités religieuses et politiques qui commentent ou qui interviennent pendant ces crises dans les écoles. Les références fréquentes à des « maladies », à des « syncopes » ou à l’« hystérie » renvoient, parfois simultanément, à différentes menaces ressenties qui pèseraient sur la ville et ses habitants. Ainsi, les élans d’une jeunesse trépidante sont reliés à l’apparition de djiins, shâyatîns, sirènes aquatiques et autres figures sorcellaires, dont la proximité menaçante serait révélée par la profusion d’accessoires de beauté chez les filles, autant que par les effets supposés de certains « parfums de Boko Haram » (la secte ayant frappé mortellement N’Djamena). Parallèlement à ces interprétations populaires, politiques et religieuses, la transe semble surtout s’articuler pour la jeunesse étudiante de N’Djamena à l’expérience de souffrances et d’abus répétés, mais aussi à différentes luttes pour l’émancipation. En conclusion, j’avance l’hypothèse selon laquelle ces conduites corporelles exceptionnelles permettent à une partie de la jeunesse tchadienne d’exprimer ses malaises et ses aspirations, tout en lui posant, du fait des propriétés caractéristiques du phénomène de la transe, des limites contraignantes.

For several years, schoolgirls in N’Djamena have been entering into a state of trance. This article analyses some of the reactions of the girls’ teachers and parents, as well as those of the media and the political and religious authorities who have been commenting or directly intervening during these crisis in the schools. The frequent references to “illnesses,” “syncopes” or “hysteria” refer, often simultaneously, to various kinds of threat that seem to be menacing N’Djamena and its inhabitants. The rush experienced by anxious adolescent girls is associated with the appearance of djiins, shâyatîns, water sirens and other figures from witchcraft, whose threatening presence is supposedly borne out by the abundance of beauty accessories among the girls, but also by the effects of a “Boko Haram perfume” (the sect having perpetrated a series of deadly attacks in N’Djamena). Apart from these popular, political and religious interpretations, young students’ trances in Chad’s capital city seem to take the form of suffering and recurrent abuse, but also of their various struggles for emancipation. In conclusion, I conjecture that this exceptional behaviour actually enables the young student in Chad to express their sufferings and aspirations, while, due to the characteristic properties of the trance phenomenon, at the same time imposing binding limits upon them.

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