10 juin 2021
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Samia Ounoughi, « Les voyageurs britanniques et la pensée géographique sur les Alpes (1858-1899) : analyse linguistique en contexte de la topogénèse à la toponymation », Revue de géographie historique, ID : 10.4000/geohist.1036
Le premier Club Alpin au monde, The Alpine Club of London, est fondé en 1857 et avec lui, la revue du Club d’abord intitulée Peaks Passes and Glaciers. Elle est publiée pour la première fois en 1858 et deviendra The Alpine Journal à partir de 1863. Composée en grande partie de récits de voyages et d’explorations à visée scientifique, la revue est un patrimoine précieux qui nous informe sur la construction des savoirs géographiques sur les montagnes et sur la réflexion qui accompagne l’émergence de ces savoirs. Le corpus étudié se compose des numéros de la revue du Club Alpin de Londres depuis sa première parution (1858) jusqu’à la fin du XIXe siècle (1899). Les productions toujours plus nombreuses des auteurs et membres du Club sont un marqueur fort de l’accélération de l’exploration des hautes montagnes, notamment dans l’arc alpin, espace auquel cet article est consacré. Ces textes présentent le double intérêt de répondre à une ligne éditoriale stricte de concision et de précision scientifique tout en laissant à chaque auteur une liberté de style pour exprimer son vécu sur le terrain. Le but de cet article est donc de mener une analyse du discours de ces alpinistes pour sonder, à travers l’observation de leurs choix linguistiques et de l’agencement discursif de leur récit de quelle manière ils mènent une réflexion sur les savoirs géographiques en construction, du piolet à la plume. Les sujets de ces textes convoquent naturellement une approche interdisciplinaire. L’histoire et la géographie viennent ici contextualiser et éclairer les analyses du discours en anglistique. Les outils de la pragmatique (linguistique de l’énonciation, sémantique, narratologie) apporteront un éclairage sur la construction de la pensée géographique au sujet de la haute montagne alpine dans la seconde moitié du XIXe siècle. Après avoir montré le rôle central de l’écriture dans la démarche de réflexion sur les savoirs géographiques au sein de l’Alpine Club de Londres dans la première partie, nous analyserons deux caractéristiques notoires du discours produit dans la revue : le processus de création des toponymes dans la seconde partie et le métadiscours sur la création des cartes géographiques dans la troisième. Si La géo-graphie est littéralement l’écriture de la terre, il est nécessaire de sonder la construction de ce discours pour mieux comprendre l’agencement de la pensée géographique dont le processus complexe appelle à la fois la prudence de l’alpiniste, la rigueur du scientifique et la créativité de l’écrivain.