21 novembre 2019
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Nathalie Heinich, « Axiologie du précieux. Essai de modélisation », Gradhiva, ID : 10.4000/gradhiva.4451
Cet article vise à caractériser le « précieux » à la lumière d’une modélisation des opérations d’attribution de valeur qui conduisent à une telle qualification, que ce soit par des mesures, des attachements ou des jugements, et qu’il s’agisse de choses, de personnes, d’actions ou d’états du monde. On y constatera la non-pertinence de la réduction économiste au « coûteux » pour définir le précieux, en même temps que l’importance des notions d’insubstituabilité, propre aux « objets-personnes » (les reliques, les fétiches, les œuvres d’art), et d’inaliénabilité, propre aux objets de patrimoine. Circulant de La Joconde au doudou, d’un tableau de Van Gogh à la robe de Marilyn ou à l’autographe de Johnny, l’on parcourra un répertoire de valeurs multiples : authenticité, beauté, plaisir, virtuosité, célébrité, spiritualité, affectivité, proximité, fonctionnalité, significativité, pérennité, rareté, universalité. Et l’on observera comment se déploient à propos du précieux les trois sens du mot « valeur » : la grandeur, le bien, le principe. Enfin, à la lumière de cet outil qu’est la « grammaire axiologique », nous serons en mesure de décider si et à quelles conditions la notion de « sacré » peut nous aider à penser la question du précieux.