3 décembre 2021
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Audran Aulanier, « Composer avec une intimité déniée : demandeurs d’asile en France et en Allemagne », Genre, sexualité et société, ID : 10.4000/gss.6872
Pour les demandeurs d’asile, la vie au sein des institutions d’accueil est faite d’attente et d’un rapport à l’espace complexe. À ces deux niveaux – temporel et spatial –, ils vivent et ressentent une extrême pression sensorielle de l’intranquillité qui pèse sur leur identité et leurs capacités à faire vivre des relations, à absorber les chocs des interactions pour créer une sphère commune. Cette pression rend très précaire la possibilité de s’aménager une sphère intime dans laquelle se reposer, reprendre des forces face à l’inhospitalité globale du système d’asile. Cet article insiste d’abord sur le thème de l’habiter, montrant que l’espace de vie des demandeurs d’asile est impropre à les protéger et qu’il ne leur donne pas la possibilité de recevoir, ce qui leur conférerait un pouvoir sur le lieu. À partir de ces difficultés à recevoir – alors même que recevoir constitue une envie centrale chez les demandeurs d’asile –, je croise le thème de l’habiter à celui de la sexualité, pour montrer que les difficultés à rencontrer des femmes (et a fortiori d’avoir une vie sexuelle), quand elles s’ajoutent à l’absence de travail et d’un foyer, prend une place importante dans la dévalorisation globale de la masculinité des demandeurs d’asile et leur exclusion des masculinités légitimes.