Les agents et dirigeants de la SNCF, épurés sous Vichy, épurés après Vichy. Regard croisé autour de la réintégration

Résumé Fr En

Cet article interroge le couple épuration-réintégration à travers la Société nationale des Chemins de fer français (SNCF), sur le temps moyen des césures politiques et de la conjoncture économique de 1936 aux années 1960, en optant pour une démarche comparative afin d’élaborer une typologie exploratoire. Il s’agit de mesurer les dispositions prises à l’égard des agents et dirigeants, épurés et réintégrés, pendant ou après Vichy, en insistant sur le chevauchement symptomatique d’après-guerre. Nous observons ainsi des écarts qualitatifs et quantitatifs entre le temps court de la réintégration massive des agents communistes dès 1944 et le temps moyen des réintégrations et conversions individuelles d’agents et de dirigeants à partir de 1947. Épurations et réintégrations semblent ici plurielles, à géométrie variable et les dernières ne sont pas toujours synonyme de désépuration.

This article looks at the purge/reinstatement process within the SNCF over the period of political breaks and the economic climate that occurred from 1936 to the 1960s. In order to develop an exploratory typology, a comparative approach is used. This involves measuring the steps that were taken with regard to SNCF workers and leaders during and after the Vichy regime, with a focus on the overlap symptomatic of the post-war period. Qualitative and quantitative gaps are apparent between the short-term massive reinstatement of communist workers from 1944 and the medium-term reinstatement and individual conversion of workers and leaders from 1947 onwards. Purges and reinstatements seem to have varied in scope and form, and reinstatement did not always mean one had been “unpurged”.