Angélica Liddell sur la scène française : des limites d’une transgression « féminine »

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L’autrice et metteuse en scène espagnole, Angélica Liddell, a acquis une très forte visibilité sur la scène française ces dernières années. À partir de l’étude de trois de ses spectacles, cet article observe d’abord dans quelle mesure la parole y est donnée aux femmes, notamment autour des violences de genre. Il s’intéresse ensuite à la subversion des normes de genre en rapprochant les images des spectacles de Liddell d’une esthétique queer et en s’interrogeant sur le traitement de la sexualité et de la violence. Enfin, il montre, en s’appuyant sur la réception de la presse et sur le discours de l’artiste qui rejette le féminisme, les limites de la transgression des normes de genre dans ces spectacles. Son travail est alors envisagé comme réactivation d’une vision normée du féminin, à travers un discours sur l’amour et la douceur et un réinvestissement ambigu de la figure de l’hystérie.

Angélica Liddell, a Spanish playwright and director, has gained a great visibility in France over the past few years. Based on the study of three of her plays, this article first questions whether her theater makes women’s voices heard, especially in the case of gender-based violence. It then analyses how gender norms are subverted in Liddell’s shows, in images close to queer esthetics and through the treatment of sexuality and violence. Eventually, the article shows how this transgression of gender norms is thwarted by the artist’s public statements on feminism and by press reviews. Her work can thus be viewed as a reinforcement of a normalized femininity, through images of love and care, and an ambiguous reenactment of hysteria.