27 janvier 2022
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Philippe Paolucci, « Écouter une bande dessinée : quand le numérique rend le neuvième art audible », Hybrid, ID : 10.4000/hybrid.532
Cette contribution s’intéresse à la transition numérique de la bande dessinée. Historiquement lié au support papier, le neuvième art a développé, tout au long de son histoire, un ensemble de moyens graphiques visant à représenter le son (onomatopées, bulles, etc.). En règle générale, la « BD » ne donne rien à entendre, elle donne tout à voir. Or la possibilité avec le numérique d’utiliser des séquences audio remet en question cette primauté du visuel. En nous appuyant sur l’analyse de deux « BD numériques » (dénomination englobant l’ensemble des BD publiées sur le web), nous verrons que cette extension au monde des sons peut avoir deux conséquences : d’une part, elle peut renforcer l’immersion fictionnelle, en particulier lorsque l’auteur installe une intersensorialité sémantiquement pertinente entre la vue, le geste interactif et l’ambiance sonore ; d’autre part, elle peut contribuer à l’émergence d’une énonciation polyphonique mêlant contenus écrits et répliques oralisées, au risque cependant de prescrire un temps de réception correspondant à la durée de l’émission sonore (à l’inverse du support papier qui laisse au lecteur le soin de gérer son rythme de lecture).