19 septembre 2014
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Marianne Berissi, « « La tache rouge de l’espoir… », dans Fibrilles de Michel Leiris », Itinéraires, ID : 10.4000/itineraires.1141
L’autobiographie de Michel Leiris, en révélant le potentiel politique de l’écriture de l’intime, fait vaciller les certitudes du xxe siècle consacrant la partition entre écriture engagée et repli sur soi. Le poète invite à repenser les liens entre activité littéraire et activité politique, à interroger la littérature en tant qu’expression du politique tout en revisitant les rapports entre engagement politique et engagement esthétique. Le voyage en Chine de 1955, relaté dans le troisième volume de La Règle du jeu, Fibrilles, conduit Leiris à explorer les territoires qui lient la découverte d’autrui à l’introspection, l’altruisme à une forme de solipsisme pour placer l’expérience de l’intime au cœur du politique. L’effondrement dont le volume se fait l’écho est dès lors intimement lié à l’effondrement de sa foi dans la construction socialiste et dans la révolution, de sorte que Leiris en vient à attribuer partiellement sa tentative de suicide, dont le récit occupe une large place dans Fibrilles, à l’enlisement dans l’écriture et à la perte de foi dans les idéaux révolutionnaires, faisant mine d’oublier un instant les déboires amoureux qu’il donne pour cause évidente de son geste. Le sentiment d’échec relatif de l’entreprise autobiographique comme de la recension chinoise résonnerait ainsi comme une prise de conscience lucide de ses limites par un homme honnête en prise avec son temps.