6 octobre 2020
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Aude Leblond, « Du chapitre à l’épisode : le devenir des chapitres dans les adaptations en franchises multi-médiatiques », Itinéraires, ID : 10.4000/itineraires.7546
Que devient le chapitre quand il est adapté ? Cet article compare leur version adaptée aux chapitres de cycles romanesques comme Harry Potter et A Song of Ice and Fire. Il part de la difficulté terminologique consistant à appeler « épisodes » des opus adaptant une œuvre déjà achevée – ce qui prive le spectateur de l’attente réelle censée l’aiguillonner. Une adaptation en film élimine beaucoup d’éléments par rapport aux chapitres écrits, mais allonge et complète les plus saillants, en particulier ceux du dénouement. Dans la série, il n’y a pas plus d’homologie entre chapitre et épisode : les chapitres sont condensés en séquences courtes, ventilés sur deux ou trois épisodes, et le montage des intrigues est resserré. Si on peut fonder la distinction entre chapitre et épisode sur leur rythme et leur contenu, celle-ci se dissout quand on observe l’économie générale de l’intrigue : tous deux offrent une clôture ambivalente, qui promet une continuation. Ainsi, l’adaptation des chapitres en épisodes rouvre le texte à des potentialités narratives inexplorées. Un nouveau type de suspense émerge, lié aux conditions mêmes de la poursuite du récit dans l’adaptation. Les modalités, le succès ou l’échec éventuels de l’adaptation deviennent des enjeux fédérateurs pour les communautés interprétatives aux aguets. En somme, la distinction entre chapitre comme partie d’un tout achevé et épisode comme partie d’un tout inachevé est nécessairement labile dans le contexte de narrations transmédiatiques.