« Le rossignol trouvera bon de parler lui-même de soi-même ». Discours animal et subversion libertine dans les États et Empires de la Lune et du Soleil de Cyrano de Bergerac

Fiche du document

Date

30 décembre 2020

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Source

Itinéraires

Relations

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2100-1340

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2427-920X

Organisation

OpenEdition

Licences

https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess




Citer ce document

Aude Volpilhac, « « Le rossignol trouvera bon de parler lui-même de soi-même ». Discours animal et subversion libertine dans les États et Empires de la Lune et du Soleil de Cyrano de Bergerac », Itinéraires, ID : 10.4000/itineraires.8257


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En

Si l’antispécisme est un concept forgé au xxe siècle, sa portée polémique et paradoxale émerge déjà au xvie et plus encore au xviie siècle, sous la plume notamment de Cyrano de Bergerac dans Les États et Empires de la Lune et du Soleil. La fiction qui est au principe du voyage imaginaire, soutenue par une imagination subversive et affranchie de toutes contraintes, ouvre ainsi le champ des possibles en nous donnant à rencontrer des oiseaux qui parlent. Mais nous sommes loin ici du cadre apparemment convenu de l’apologue, et faire des animaux de véritables personnages littéraires, à l’instar des hommes, est porteur de sens. En effet, conférer un logos à l’animal est un acte paradoxal et subversif au xviie siècle, car il remet en cause les opinions communément admises – héritées de l’aristotélisme et du christianisme – sur la hiérarchie des êtres et sur la suprématie de l’homme au sein du vivant. Faire parler l’animal, c’est donc d’abord forcer le lecteur à décentrer son regard. La fiction nous donne à voir ce que la réalité nous dérobe, l’intériorité animale : non seulement les animaux sont doués de parole, et donc de raison, mais ils possèdent aussi une âme, deux attributs dont les hommes, depuis l’Antiquité, s’étaient attribué l’exclusivité. Faire parler l’animal comme l’homme, c’est donc d’abord pousser celui-ci à reconnaître que l’animal est un homme comme les autres. À cet égard, le discours animal chez Cyrano imbrique des enjeux d’une part narratifs, stylistiques et énonciatifs, et, de l’autre, polémiques, philosophiques et éthiques.

“Antispeciesism” is a concept forged in the twentieth century, but its polemical and paradoxical scope already emerged in the sixteenth and even more so in the seventeenth century, notably under the pen of Cyrano de Bergerac in Les États et Empires de la Lune et du Soleil. Fiction, which is at the core of his imaginary journey, supported by a subversive imagination freed from any constraint, opens up the field of possibilities allowing us to meet talking birds. But here we are far from the apparently agreed framework of the apologue, for making animals true literary characters, like men, is meaningful. Indeed, conferring logos on an animal is a paradoxical and subversive act in the seventeenth century, as it calls into question commonly accepted opinions—inherited from Aristotelianism and Christianity—on the hierarchy of beings and the supremacy of man within the living world. Making the animal speak first leads the reader to shift his gaze. Fiction shows us what reality robs us of, that is, animal interiority: not only are animals gifted with speech, and therefore with reason, but they do also possess a soul, two attributes that men, since antiquity, have attributed to themselves exclusively. To have the animal speak like a man is first of all to push man to recognise that the animal is a man like any other. In this respect, Cyrano's animal discourse interweaves narrative, stylistic and enunciative issues on the one hand, with polemical, philosophical and ethical ones on the other.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en