4 mars 2021
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Le Demazel Florent, « Allan Sekula, du charbon à la mer : matérialisme culturel et réalisme critique », Images du travail, travail des images, ID : 10.4000/itti.1472
Cet article se propose de revenir sur la pensée et l’œuvre du photographe et théoricien Allan Sekula. Disparu en 2013, Sekula laisse une œuvre dense et engagée. Marqué par Walter Benjamin, il a cherché à relire l’histoire de la photographie dans une perspective matérialiste, où le sens de l’image dépend de l’usage qui en est fait et des discours qui la sous-tendent. Une telle histoire doit montrer les rapports de production et les conflits d’intérêts dans les représentations du travail, comme le montre bien son essai La Photographie, entre travail et capital (1983), centré sur le développement croisé de la photographie et du capitalisme industriel, à partir des images de la mine en particulier. Conscient des forces et des lacunes de son médium, Sekula ne cessera de composer des œuvres jouant sur la fragmentation : fragmentation des corps sous l’effet du management moderne ; fragmentation des espaces de transit des marchandises dans un capitalisme maritime et mondialisé ; fragmentation des œuvres elles-mêmes, jouant des liens entre texte et images, pour faire affleurer les rapports de domination, mais aussi les échanges entre l’artiste et son sujet, invisibles et pourtant essentiels à la fabrication de l’image.