30 juillet 2018
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/0037-9174
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1957-7842
All rights reserved , info:eu-repo/semantics/openAccess
Arnaud Halloy, « L’odeur de l’axé », Journal de la société des américanistes, ID : 10.4000/jsa.15709
Le culte Xangô de Recife (Brésil), tout comme la majorité des religions afro-américaines, est une religion « olfactive », en ceci qu’une large variété d’odeurs, dont certaines particulièrement intenses, fait partie intégrante de son activité rituelle. Curieusement, cette évidence phénoménologique n’a jamais vraiment suscité l’intérêt des chercheurs afro-brésilianistes. Si elle est, çà et là, mentionnée ethnographiquement, il existe très peu de tentatives de théoriser leur potentielle fonction rituelle. À partir d’une « olfactographie » du rite sacrificel du Xangô, mon objectif est de suggérer plusieurs pistes de réflexion et hypothèses sur ce que les odeurs font aux rituels et aux gens qui y participent. Trois d’entre elles sont au cœur de cet article : l’hypothèse de la fonction métonymique des odeurs (Howes 1987), à savoir que la nature même des odeurs – leur caractère intangible, liminal et changeant ainsi que leur lien privilégié avec les émotions – redouble au niveau expérientiel la fonction symbolique de transformation des rituels ; l’hypothèse d’un « conditionnement olfactif évaluatif » (Zucco 2013) à la base de la fonction métonymique des odeurs ; l’importance de pratiques et de « styles » olfactifs dans l’élaboration d’identités collectives au sein des religions afro-brésiliennes.