21 février 2018
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Veronica Gomez-Temesio et al., « La mise en camp de la Guinée », L’Homme, ID : 10.4000/lhomme.30147
En 2014, la première épidémie massive de maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest fut un événement exceptionnel tant par son étendue et sa durée que par l’ampleur de l’engagement des organisations humanitaires, mais aussi du point de vue des populations guinéennes qui tentèrent de résister, parfois violemment, au dispositif de réponse à l’épidémie. À partir d’une ethnographie comparée de deux centres de traitement Ebola (Cte) mis en place par Médecins sans frontières, nous rendrons compte de l’organisation des soins à l’intérieur de ces centres et nous montrerons que les Cte partagent plusieurs points communs avec les multiples « formes-camp » qui peuplent le monde contemporain : la frontière, la logique épidémiologique, le triage des populations et, enfin, la suppression de l’éthique ordinaire. C’est pourquoi l’expérience d’Ebola révèle en fait l’avènement d’un régime global de gouvernance de la santé qui s’inscrit dans un contexte postcolonial et renvoie les populations guinéennes à l’histoire longue de leur relation au pouvoir caractérisée par la violence et l’extraction. Elle est aussi emblématique d’un gouvernement du monde qui conjugue biopolitique et nécropolitique.