5 mars 2019
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Arnaud Lestremau, « Basileus Anglorum. La prétention impériale dans les titulatures royales à la fin de la période anglo-saxonne », Médiévales, ID : 10.4000/medievales.9530
Les titulatures reflètent l’étendue du pouvoir d’un roi, mais renvoient aussi l’image qu’il entend donner de lui-même. Dans une période de mutation politique rapide dans le monde insulaire, il est donc logique que ces titulatures évoluent elles aussi, pour mettre en lumière les conquêtes ou les annexions, tout en signalant les revendications territoriales. Au début du ixe siècle, l’hégémonie mercienne se traduisait par l’utilisation de titres impériaux ; à compter de la fin du siècle, les victoires décisives remportées par le Wessex permettent à ses rois d’assumer une titulature de plus en plus audacieuse. Rendant d’abord compte de l’incorporation dans un même royaume d’Angles et de Saxons, le roi Alfred se présente comme roi d’un nouveau royaume, celui des « Anglo-Saxons ». Reprenant ensuite l’étiquette ethnique unificatrice et salvatrice créée par Bède, lui et ses successeurs se présentent progressivement comme les rois des Anglais. Cette capacité à dominer plusieurs royaumes que tout séparait quelques décennies plus tôt, l’efficacité de la lutte contre les Vikings, les conquêtes réalisées et l’influence croissante du roi en dehors de son royaume lui permettent progressivement de passer une nouvelle étape, en adoptant des titres plus clinquants. Si l’on en croit la communication politique du Wessex aux xe-xie siècles, le royaume est devenu un empire, a minima pendant le règne des souverains les plus puissants, comme Æthelstan, Edgar ou Cnut.