Le lisible et le visible selon Lessing

Résumé Fr En

La doctrine picturale du classicisme instituait le parallèle de l’image et du verbe, elle adoptait pour maxime la formule extraite d’Horace « Ut pictura poesis » (« Il en est d’une poésie comme d’une peinture »). Gotthold Ephraïm Lessing réfute cette conception dans son Laocoon en opposant les propriétés du lisible à celles du visible, et en affirmant l’impossibilité d’établir une équivalence entre elles. Il met en crise la lisibilité de l’œuvre plastique en opérant une distinction fondamentale entre l’image et le mot, avec pour conséquence de séparer nettement la finalité essentielle de la peinture et celle de la poésie. Lessing défend l’idée que les moyens de la peinture correspondent aux limites de la poésie, et que les moyens de la poésie correspondent aux limites de la peinture. Ce chiasme se résout dans le théâtre qui, unissant les pouvoirs du verbe et de l’image, surmonte les limites expressives de la poésie et de la peinture en conjuguant leurs pouvoirs respectifs.

Classicism’s pictorial doctrine institutes a parallel between the image and the verb, adopting as its maxim Horace’s formula "Ut pictura poesis " ("As is painting, so is poetry"). Gotthold Ephraïm Lessing refutes this conception in his Laocoon by opposing the properties of the Readable to those of the Visible, and by asserting the impossibility of etablishing an equivalence between them. He puts the readability of works of fine art in crisis by making a fundamental distinction between the image and the word, with the consequence of clearly separating the essential purpose of painting and poetry. Lessing defends the idea that painting’s means corresponds to the limits of poetry and poetry’s means corresponds to the limits of painting. This chiasmus is resolved in theatre, which unites the powers of the verb and the image. Theatre thus overcomes the expressive limits of poetry and painting by conjugating their respective powers.