Exercices par l’informe

Fiche du document

Date

28 janvier 2021

Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Source

Methodos

Relations

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1626-0600

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1769-7379

Organisation

OpenEdition

Licences

https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess


Résumé Fr En

Depuis la Renaissance, une série de textes témoignent de l’intérêt des artistes pour l’informe, d’un passage du Traité de la peinture de Léonard de Vinci à Degas, Danse, Dessin de Valéry. Léonard de Vinci, Alexander Cozens ou Paul Valéry proposent des « exercice[s] par l’informe», selon l’expression de Valéry. Il s’agit bien d’« exercice[s] », d’activités répétées pour aiguiser les facultés de l’esprit. Ces exercices s’adressent avant tout aux artistes et plus particulièrement aux dessinateurs et aux peintres ; ils constituent une préparation à la création artistique. Ils n’ont généralement pas pour but d’appréhender l’informe ; c’est pourquoi Valéry emploie la tournure « exercice[s] par l’informe» : travailler l’informe est un moyen, une activité qui a le plus souvent pour fin une œuvre qui manifeste un rapport renouvelé aux formes. Comme les « exercices spirituels » dont Pierre Hadot a montré l’importance dans la philosophie antique, ces exercices reposent sur une pratique plutôt que sur une théorie ; comme eux, ils engagent l’esprit — l’entraînement d’une faculté particulière réclame en fait le concours de plusieurs. Cette pratique, qui n’est jamais définitivement acquise, doit par conséquent être répétée. En effet, chacun de ces exercices possède une fonction critique et la critique doit être reconduite tant que perdure l’habitude ou l’illusion qu’elle combat. La différence essentielle tient à la visée de l’exercice : les pratiques que nous étudierons ne tendent pas à réformer le mode de vie du sujet et ainsi à transformer le sujet lui-même, mais à produire une œuvre. Vinci, Cozens et Valéry proposent des exercices artistiques. Si l’exercice spirituel est « une pratique destinée à opérer un changement radical de l’être », selon l’expression d’Hadot, l’exercice artistique possède sans doute un but plus modeste : il vise à développer les facultés fondamentales pour la création artistique, telles que l’imagination, « les capacités d’invention », selon l’expression de Cozens, ou la sensibilité. Les exercices spirituels tendent à apprendre à vivre, tandis que les exercices artistiques ont pour but d’apprendre à créer. Parmi ceux-ci, les exercices par l’informe se distinguent par leur radicalité. D’abord, ils jouent souvent un rôle liminaire : ils exercent l’esprit et dans certains cas le corps en vue de la première étape de la création artistique, l’invention. Mais surtout, ils exercent des facultés fondamentales pour la création artistique, en particulier dans le domaine des arts visuels, pour lesquels écrivent non seulement Vinci et Cozens mais aussi Valéry : les exercices par l’informe ont pour enjeu non seulement d’apprendre à créer, mais aussi d’apprendre à voir.

From Leonardo da Vinci’s Treatise on Painting to Alexander Cozens’ New Method and Paul Valéry’s Degas Danse Dessin, some artists have shown interest in formlessness. They all propose what Paul Valéry names “exercise[s] through formlessness”. These “exercises” are first designed for painters and meant to be repeated in order to enhance mental faculties and prepare them for artistic creation. Formlessness is rather a means than an aim in itself, hence the expression “exercise through formlessness”. Much like “spiritual exercises” in ancient philosophy studied by Pierre Hadot, these exercises rest on a practice rather than on a theory and require the commitment of the whole spirit. Each of these exercises has to be repeated in order to play its critical part and break the painters’ routine in order to create something new. These artistic exercises differ from “spiritual exercises” since they aim at creating a work of art rather than reforming the subject himself. Leonardo’s and Cozens’ exercises focus on the first step of artistic creation: invention. As Valéry shows, what is at stake here is not only how to create, but how to see.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en