29 avril 2020
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Nathalie Galland, « La nuit de la langue. Intimité poétique de Fabio Morábito », Miranda, ID : 10.4000/miranda.25709
Dans le séjour de la nuit où palpitent les origines (Alexandrie, Milan, Mexico), opère chez l’auteur italo-mexicain Fabio Morábito (Alexandrie, 1955) une mise en marche de la langue vers l’inflammation poétique. Depuis le tout premier recueil, l’écriture se lie intimement à la nuit où elle se loge, se construit et se pense dans l’entre-deux langues, écriture aux confins du premier idiome – l’italien familial et nomade –, et d’un espagnol malgré lui palimpseste du souffle intime. Aussi, le geste lyrique semble interroger toujours, dans l’élan des vers, la part de l’avancée et celle du retournement d’une voix sans cesse reconquise à l’étrangeté. On interrogera ici le désir de nuit d’un poète veilleur aux confins, à la fois veilleur et éveilleur de la sensibilité nocturne, éveilleur de la langue en contre-jour du poème et voyeur d’avant le jour, poète vagabond, voleur furtif de mots et d’images ou vampire iconique. Il sera aussi un « effaçonneur », faisant de la nuit de la langue – la nocturnité de l’italien laissé derrière –, la respiration profonde, la rythmique secrète et perturbante de poèmes d’outre-nuit.