29 octobre 2021
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Juliana Lopoukhine, « Exceptionality and the unexceptional in Jean Rhys’s interwar fiction », Miranda, ID : 10.4000/miranda.42364
Lorsque l’on parle d’« exceptions modernistes », l’exemple de Jean Rhys frappe par sa singularité : sa marginalité en tant que femme écrivain et « créole blanche » qui, à Londres comme à Paris, se tenait à l’écart des cercles littéraires ; les tours et détours notoires de sa fortune éditoriale ; sa disparition pendant vingt-cinq ans ; la redécouverte rétrospective, dans les années 1960, de ses textes écrits dans l’entre-deux-guerres ; tout cela a donné lieu à un débat toujours actuel au sujet de sa place dans le canon moderniste. Son écriture expérimentale, saluée comme exceptionnelle dès 1927 par Ford Madox Ford, est marquée par une tonalité désabusée, une indifférence subjective aux lieux et aux personnages, juxtaposés jusqu’à devenir interchangeables, ainsi que par une pauvreté sémantique et syntaxique fondée sur la répétition. Cet article se propose de montrer comment le caractère exceptionnel de Jean Rhys en tant qu’écrivain moderniste s’appuie tout autant sur sa marginalité par rapport au canon que, paradoxalement, sur son esthétique du non exceptionnel.