29 octobre 2021
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Aurore Clavier, « Arts and Grafts: Marianne Moore’s Poetry and the Culture of Exception », Miranda, ID : 10.4000/miranda.42440
De Marianne Moore, on connaît sans doute le mieux les descriptions à la fois étranges et minutieuses de plantes ou d’animaux, que la formule « imaginary gardens with real toads in them » en est parfois venue à résumer. Cet article réexamine certains de ces curieux spécimens à l’aune des tensions qu’ils engagent entre exceptionnalité et représentativité. À travers les processus de sélection et d’inclusion qui la fondent, la poétique de la greffe, que mettent particulièrement en jeu ses textes botaniques, semble présupposer l’assimilation d’éléments hétérogènes—greffons végétaux ou littéraires—en un même organisme et un unique habitat, qui en viendrait à représenter l’espace d’une démocratie des voix et des espèces. Si, en intégrant le divers, l’œuvre de Moore paraît elle-même s’incorporer de plus en plus dans l’arène publique, elle n’en continue pourtant pas moins de cultiver l’exception. Plus que les spécimens d’une espèce commune, ses créatures hybrides s’offrent comme autant de singularités composites, dont la “mêlée” plus que le “mélange” (Nancy) devient le mode d’existence poétique autant que politique.