6 mai 2019
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Ybert‑Chabrier Edith, « Les Adjars et la Première Guerre mondiale », Cahiers du monde russe, ID : 10.4000/monderusse.10524
Les oblasts de Kars et de Batum sont les seuls territoires de l’Empire russe peuplés majoritairement de musulmans à avoir connu, partiellement et temporairement (de novembre 1914 à avril 1915 pour les derniers libérés), l’occupation des Turcs ottomans pendant la Première Guerre mondiale. Comment les musulmans de ces régions se sont‑ils comportés ? Ont‑ils collaboré avec les armées turques et trahi l’État ou sont‑ils restés loyaux ? Les archives du gouverneur de Batum et du Conseil des ministres de Saint‑Pétersbourg, ainsi que la presse tant des capitales russes que du Caucase, permettent d’appréhender leur comportement et les mesures punitives prises à leur endroit, qui connaissent un début d’application en 1915 puis sont en partie abandonnées. Victimes de déplacements de population spontanés ou forcés, de massacres et de pillages, Arméniens et musulmans locaux sont aussi les acteurs de violences interethniques les opposant. Cependant, les Adjars, défendus entre autres par l’intelligentsia géorgienne, n’apparaissent pas comme seulement traîtres ou victimes. Ils s’affirment aussi sur la scène régionale et revendiquent leur autonomie. Celle‑ci leur est garantie par le traité d’amitié soviéto‑turc (16 mars 1921), qui stipule également la cession de l’oblast de Kars et du district d’Artvin à la Turquie.