5 février 2015
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Alexey Golubev et al., « Making selves through making things », Cahiers du monde russe, ID : 10.4000/monderusse.7964
Cet article explore les pratiques soviétiques du « faire soi‑même » en tant que domaine d’interaction entre des modèles et des pratiques de subjectivation dans lequel l’engagement à réaliser des choses par soi‑même est devenu partie intégrante des processus constitutifs des sujets soviétiques. L’analyse des magazines féminins soviétiques montre qu’en dépit de l’aspect traditionnel attaché à cet acte, fabriquer des choses de ses propres mains était perçu comme une pratique moderne qui, avec le discours qui lui était associé, a plongé les femmes soviétiques dans un espace panoptique où elles pouvaient à tout moment être observées, évaluées, classées, selon leurs capacités à créer et réaliser par elles‑mêmes ce qu’elles étaient censées produire. L’analyse du discours des revues techniques soviétiques permet de conclure à la mise en évidence d’une normalisation sociale d’une version particulière de la masculinité : technocratique, rationnelle et socialement extravertie. Dans l’ensemble, les pratiques soviétiques du faire soi‑même ont établi un espace culturel extrêmement genré à la fin du socialisme. En outre, ces pratiques ont été un champ important de la décentralisation des pratiques de subjectivation, car elles étaient en résonnance avec le discours sur la personne soviétique en tant que sujet créatif, autre tendance discursive constitutive de la culture et de l’idéologie officielles soviétiques.