Sciences en danger, revues en lutte

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25 mai 2020

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Camille Noûs, « Sciences en danger, revues en lutte », La Nouvelle Revue du Travail, ID : 10.4000/nrt.6512


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Pourquoi, en ce début d’année 2020, plus de 150 revues, essentiellement en sciences sociales, se sont-elles investies dans le mouvement social à l’œuvre depuis l’automne 2019 ? Tout simplement parce qu’elles ont considéré que les projets de réforme engagés par le gouvernement mettaient gravement en danger les sciences, l’enseignement, la recherche et donc les revues qui sont un des maillons essentiels de la chaîne de production de connaissances à caractère scientifique. L’enjeu de ce mouvement est donc clair : dénoncer la casse des services publics et le fait que les réformes gouvernementales à l’œuvre (entre autres : la réforme des retraites, la Loi de programmation pluriannuelle de la recherche dite LPPR, la réforme de l’allocation chômage etc.) aggravaient les inégalités sociales. En effet, concernant plus spécifiquement le service public de l’enseignement supérieur et la recherche, si les projets prévus par la LPPR, qui s’inscrivent dans la lignée de réformes néolibérales développées depuis plusieurs années (pensons par exemple à la LRU), étaient mises en œuvre, c’est le fondement même du processus de création scientifique qui serait menacé. En effet, ces réformes s’inspirent largement des principes du nouveau management public : culture du résultat, culte de l’excellence et de la performance, prégnance des indicateurs quantitatifs, domination de la logique managériale sur celles des sciences ou de la pédagogie, etc. Leurs mises en œuvre conduiraient à une précarisation généralisée des enseignants et des chercheurs, à une diminution drastique des moyens alloués et à une dénaturation de l’esprit scientifique fondé sur le regard des pairs et non par des agences d’évaluation et de financement autocrates. Par cet engagement dans le mouvement, les revues signataires indiquent qu’elles ne souhaitent pas jouer le rôle de gestionnaire qu’on essaie de leur imposer, qu’elles refusent d’être de simples machines exclure à partir de critères essentiellement quantitatifs, qu’elles s’opposent au processus de gestionnarisation du domaine scientifique.

The big question today in early 2020 is why more than 150 mainly social science journals are engaged in a vast social movement that erupted last autumn. The answer is simple – because they consider that the French government’s reform plans constitute a clear and present danger to science, education and research, hence to the journals that play an essential role in the scientific knowledge production process. The stakes here are clear. There is a need to denounce the break-up of public services as well as the inevitable exacerbation of social inequality caused by these government reforms (involving, inter alia, pensions, the so-called LPPR multi-annual research programme bill, unemployment benefits, etc.). Relating more specifically to public sector higher education and research, implementing the LPPR plans (a sequel to other neo-liberal reforms from recent years, including pension-related ones) would directly undermine the scientific creation process. This is because the reforms are largely inspired by new public management principles that emphasize outcomes, excellence and performance; quantitative indicators; and managerial rather than scientific or educational perspectives. Their implementation would make academic staff members’ position increasingly precarious while drastically shrinking the resources at their disposal and undermining their scientific output, which should be assessed via peer reviews and not by autocratic ratings or funding agencies. By committing to this movement, the signatory journals are communicating that they do not want to play the management role that is being forced upon them; that they refuse to operate as simple exclusionary machines driven by largely quantitative criteria; and more broadly, that they oppose a process in which science plays second fiddle to management.

¿Por qué, a principios del año 2020, más de 150 revistas, fundamentalmente de ciencias sociales, se involucraron en el movimiento social en curso desde el otoño de 2019? Simplemente porque consideraron que los proyectos de reforma iniciados por el gobierno ponían en grave peligro a las ciencias, a la enseñanza, a la investigación y, por lo tanto, a las revistas que son uno de los eslabones esenciales de la cadena de producción de conocimientos de carácter científico. Por consiguiente, la apuesta de este movimiento es claro: denunciar el deterioro de los servicios públicos y el hecho de que las reformas gubernamentales en curso (entre otras: la reforma de las jubilaciones, la Ley de programación plurianual de la investigación llamada LPPR, la reforma del subsidio de desempleo, etc.) agravaban las desigualdades sociales. En efecto, respecto más específicamente al servicio público de la enseñanza superior y la investigación, si los proyectos previstos por la LPPR que se inscriben en la línea de reformas neoliberales desarrolladas desde hace varios años (pensemos por ejemplo en la LRU) se habían implementado, el fundamento mismo del proceso de creación científica estaría amenazado. De hecho, estas reformas se inspiran en gran medida en los principios de la nueva gestión pública: cultura del resultado, culto a la excelencia y al rendimiento, imposición de los indicadores cuantitativos, dominio de la lógica gerencial sobre las de las ciencias o de la pedagogía, etc. Su implementación conduciría a una precarización generalizada de los docentes y de los investigadores, a una drástica disminución de los medios asignados y a una desnaturalización del espíritu científico basado en la óptica de los pares y no por agencias de evaluación y de financiamiento autocráticos. Por este compromiso con el movimiento, las revistas firmantes señalan que no desean desempeñar la función de gerentes que se les trata de imponer, que rechazan ser como simples máquinas y excluir a partir de criterios esencialmente cuantitativos, que se oponen al proceso de gerencialización del ámbito científico.

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