La mobilisation des travailleurs surendettés en Espagne : la double peine économique

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8 novembre 2020

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Quentin Ravelli, « La mobilisation des travailleurs surendettés en Espagne : la double peine économique », La Nouvelle Revue du Travail, ID : 10.4000/nrt.7916


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Résumé Fr En Es

Depuis la crise de 2008, les dettes sont devenues un puissant facteur de mobilisation dans de nombreux pays, de la Grèce aux États-Unis, en passant par l’Afrique du Sud et l’Islande. En Espagne, l’endettement des classes populaires s’est traduit par des vagues d’expulsion, puis de contestation. Au cœur de ce processus, on retrouve une double peine économique : celle des travailleurs de la construction surendettés, que la crise affecte à la fois comme producteurs au chômage et comme consommateurs de logement en défaut de paiement. Leurs dettes dépassent les faibles revenus dont ils disposent et l’effondrement de la valeur de leurs logements les place dans une situation d’équité négative, dont ils ne peuvent sortir qu’en se mobilisant, avec les travailleuses du secteur du nettoyage – moteur essentiel de la lutte, elles viennent, comme eux, de pays anciennement colonisés par l’Espagne. Cette mobilisation n’a cependant rien de spontané mais suppose une capacité d’organisation par rassemblement des colères, qui repose sur une dramaturgie émotionnelle de la dette.

Since the 2008 crisis, debt has become a powerful engine for mobilization in many countries, from Greece to the United States, from South Africa to Iceland. In Spain, working-class debt has led to foreclosures, evictions, and mass contestation. At the core of this process lies a double economic burden: indebted construction workers are hurt by the crisis both as unemployed producers and as consumers who can no longer pay off their loans. Their debts are higher than their low incomes and the collapse of home prices generates a situation of negative equity, from which they can escape only through collective struggle. Women, often cleaners and often immigrants from Spanish former colonies, are essential protagonists of this struggle. Far from a spontaneous uprising, this mobilization relies on the ability to organize by collectivizing individual anger, via an emotional dramaturgy of debt.

Desde la crisis de 2008, las deudas se han vuelto un poderoso factor de movilización en numerosos países, desde Grecia hasta los Estados Unidos, pasando por África del Sur e Islandia. En España, el endeudamiento de las clases populares se manifiesta por olas de desalojos y, luego, de protestas masivas. En el centro de este proceso, se observa una doble carga económica : la de los trabajadores de la construcción sobreendeudados, que la crisis afecta a la vez como productores desempleados y como consumidores de vivienda en falta de pago. Sus deudas sobrepasan los bajos ingresos de los que disponen y el colapso del valor de sus viviendas los coloca en una situación de equidad negativa, de la cual sólo pueden salir movilizándose, con las trabajadoras del sector de limpieza —motor esencial de la lucha, ellas provienen, como ellos, de países antiguamente colonizados por España. Sin embargo, esta movilización no tiene nada de espontáneo, pero supone una capacidad de organización por la colectivización de la ira, que se apoya en una dramaturgia emocional de la deuda.

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