9 décembre 2015
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1148-8158
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2109-943X
All rights reserved , info:eu-repo/semantics/openAccess
Jean-Marc Gouanvic, « L’adaptation et la traduction : analyse sociologique comparée des Aventures de Huckleberry Finn de Mark Twain (1948-1960) », Palimpsestes, ID : 10.4000/palimpsestes.1599
La question théorique que pose cet article en ce qui concerne l’adaptation est la suivante : l’adaptation suit-elle les mêmes règles éthiques que la traduction ? À partir de la sociologie bourdieusienne appliquée à la traduction et à l’adaptation, nous envisageons les traductions et adaptations des Adventures of Huckleberry Finn (1884 et 1885) de Mark Twain, comme appartenant à la littérature réaliste dominante et à la littérature pour jeunes. Sont abordées les traductions de Suzanne Nétillard (1948) et André Bay (1960) et les adaptations de Yolande et René Surleau (1950 et 1951). Une comparaison des solutions de Nétillard et de Bay est effectuée avec celles de Yolande et René Surleau. Il apparaît tout d’abord que les adaptations suppriment de longs segments de texte et les résument, au point où elles se présentent comme des synopsis du texte original, alors que, ensuite, les traductions traduisent le texte in extenso, mais en ne tenant pas compte d’un trait essentiel du texte américain, celui-là même qui constitue sa nouveauté radicale : la présence des sociolectes de Huck (narrateur autobiographique) et de Jim, notamment. Pour répondre à la question de savoir si l’adaptation suit les mêmes règles que la traduction, il importe donc d’élargir le corpus des adaptations, ce que nous proposons de faire en considérant l’adaptation de The Last of the Mohicans (1826) de James Fenimore Cooper par Gisèle Vallerey (le Dernier des Mohicans, 1932) comme cas d’adaptation réussie. Il demeure que The Last of the Mohicans ne comportant pas les mêmes difficultés que Adventures of Huckleberry Finn, en particulier en ce qui a trait aux sociolectes des personnages de Huck et de Jim, la tâche des adaptateurs et des traducteurs est comparativement sans commune mesure. Cependant, on peut avancer qu’aussi bien la tâche des traducteurs que celle des adaptateurs consiste à reconstruire les homologies dans le champ cible à partir de la signifiance du texte source. Il en découle qu’une adaptation n’est pas nécessairement ethnocentrique (Berman), dès lors qu’elle s’efforce, comme on peut l’apercevoir dans l’adaptation du texte de Cooper par G. Vallerey, de reproduire la signifiance du texte source.