4 octobre 2021
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Joshua M. Price, « Translation as epistemicide: conceptual limits and possibilities », Palimpsestes, ID : 10.4000/palimpsestes.7405
Quand la traduction d’un texte de sciences humaines enrichit-elle une autre culture et quand, au contraire, s’apparente-t-elle à un acte de domination ? Dans cet article, j’examine le rôle que joue la traduction dans la lutte pour l’hégémonie culturelle. J’essaie de m’écarter d’une analyse réductrice où tout texte traduit est soit impérialiste, soit émancipateur, soit neutre – c’est-à-dire soustrait à toute évaluation. Je cherche plutôt à élargir et à enrichir le vocabulaire nous permettant de décrire les jeux de pouvoir et la pollinisation croisée qui s’attachent au processus de traduction. Je cherche à tracer les limites du concept d’« épistémicide » comme instrument d’analyse (Sousa Santos). L’épistémicide ne renverrait pas tant à la corruption d’un message essentiel dans le texte lui-même qu’à la destruction par la traduction de la culture source ou cible. Cette définition pourrait nous permettre de déterminer comment un terme, ou un texte, se situe dans une culture réceptrice par rapport à d’autres termes, d’autres signifiants ; comment ces signifiants, en étant appariés par des traducteurs, peuvent entretenir, par-delà la barrière des langues, des liens propres ; et plus généralement, nous permettre d’envisager les multiples manières dont les langues et les cultures sont interconnectées. J’illustre mon propos en examinant comment certains théoriciens s’efforcent de décrire la traduction du vocabulaire spécialisé des race studies, des queer studies et du postmodernisme.