29 novembre 2021
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Fabienne Jourdan, « Pourquoi n’y a-t-il pas d’âme du monde dans le dialogue de Numénius Sur le Bien ? », Philosophie antique, ID : 10.4000/philosant.5354
Dans son dialogue Sur le Bien (19 F = fr. 11 dP), Numénius écrit que le dieu qui est « deuxième et troisième est un ». Par là, il désigne un dieu considéré selon deux aspects qui correspondent à la double orientation de son attention. Dans le second, il est tourné vers le monde et joue le rôle de démiurge. Selon la plupart des chercheurs, ce démiurge serait à identifier à l’âme du monde que les fragments parvenus du dialogue ne mentionnent pas. L’article montre que cette interprétation ne rend peut-être pas compte du propos de Numénius. Il indique les raisons théoriques et polémiques expliquant qu’en réalité, même si le démiurge a la fonction de l’âme du monde, Numénius ne l’identifie pas avec celle-ci. Il veut définir les principes qu’il identifie à l’être, conçu comme incorporel. Le mouvement intrinsèque à l’âme et l’immanence qui la caractérise, d’après la tradition platonicienne que suit Numénius et la tradition stoïcienne à laquelle il s’oppose, interdisent de donner à cette âme le statut de pur intelligible – le lui accorder serait précisément céder à l’immanentisme et au corporalisme stoïciens. Enfin, il n’est pas davantage utile de reconnaître dans le second aspect du deuxième dieu, un moment nommé « troisième dieu » dans le dialogue, le troisième dieu que Numénius aurait identifié au monde d’après le témoignage de Proclus (29 T = fr. 21 dP). Ce troisième dieu-là peut réellement correspondre au monde dont Platon fait un dieu, à condition que ce monde soit considéré comme le produit du seul intellect, ordre (κόσμος) qui comporte certes une âme, et même un intellect en elle, mais qui n’est réduit ni à l’une ni à l’autre.