6 mai 2011
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Stéphanie Guyon et al., « La transformation des registres de légitimation politique en Guyane », Pouvoirs dans la Caraïbe, ID : 10.4000/plc.816
Villes à très forte croissance démographique, Cayenne et Saint-Laurent du Maroni, sont des sites particulièrement riches pour l’observation des transformations des formes de légitimation des élus locaux. Singulièrement disputées du fait de la longévité des maires en place (ou de leur parti) et de certains signes avant-coureurs de l’effritement de leur popularité, les élections municipales de 2008 révèlent le recours, par les listes en concurrence, à des attributs de la modernité politique empruntés à l’espace politique central. La construction d’un nouveau rapport à la population insistant sur la représentation de la « diversité » et des « communautés » composant les populations de Cayenne et de Saint-Laurent du Maroni relève de cette démarche. Cet article montre combien ce registre de la diversité et de la communauté peut servir à exacerber les clivages dans un contexte de fortes oppositions entre les candidats, au delà des pratiques de campagne qui peuvent se ressembler. L’article montre ensuite que seule la permanence de pratiques anciennes, même revues à la marge, peut expliquer que ce registre symbolique soit aussi efficace. Ainsi, si compétence a rimé, lors de la campagne, avec communauté, c’est que la première permet une sélectivité sociale forte des élites politiques derrière un discours toujours aussi modernisateur. De plus, si les « communautés » (souvent en fait, les minorités), sont mises à l’honneur, ce sont avant tout les pratiques clientélaires, certes renouvelées, qui permettent de maintenir une loyauté sans faille et de garantir la longévité politique de certaines élites politiques.