22 décembre 2019
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Élodie Raimbault, « Aerial Scapes and Technological Perspectives in the Science-Fiction of H.G. Wells and Rudyard Kipling », Polysèmes, ID : 10.4000/polysemes.5406
Les vues aériennes ont été utilisées à des fins scientifiques et de divertissement depuis le début de la période moderne, mais à l’époque édouardienne, le développement simultané des voyages aériens, de la photographie et de la cinématographie a suscité un regain d’intérêt pour la perspective aérienne dans la littérature. H.G. Wells et Rudyard Kipling ont analysé l’impact du développement du transport aérien sur les sociétés modernes avant même les premiers longs vols motorisés et avant la Première Guerre mondiale. Les deux auteurs ont utilisé la perspective aérienne dans des récits de science-fiction, justifiant ce point de vue naturaliste par une avancée technologique fictive. Les principaux textes étudiés ici sont la dystopie de Wells, A Story of the Days to Come (1899), dont l’action se déroule à Londres au XXIIe siècle, et les nouvelles de Kipling « With the Night Mail » (1908) et « As Easy as A.B.C. » (1912), situées en 2000 et 2065 sous un régime totalitaire mondial. Cet article montre que les vues aériennes expriment une fascination pour les nouvelles technologies, mais aussi une volonté d’aborder des questions politiques et éthiques. Le mouvement du spectateur et sa position élevée replacent la ville et la campagne dans un contexte national, impérial ou planétaire. Wells utilise la distance physique entre l’observateur et le territoire pour dénoncer les inégalités sociales, ce qui contraste avec le discours politique plus ambigu de Kipling. Ces vues aériennes mettent ainsi en jeu la tension fondamentale entre les deux points de vue qu’elles permettent, celui qui domine, impérialiste, et celui qui embrasse, en empathie avec l’espace sur lequel il se penche.