22 décembre 2019
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Cet article a pour thème principal le trauma dans le poème de Paul Durcan intitulé « The Crucifixion ». Ce poème ekphrastique est le second de Crazy About Women, un recueil de poèmes commandé par la National Gallery of Ireland en 1990 et qui s’inspire de la collection du musée. Cet article démontre la manière dont cette ekphrasis qui joue de l’anachronisme mène à la création d’un palimpseste qui recouvre et découvre le passé à l’aide de mots et d’images. La manière dont le poète l’écrit est à la fois une profanation – telle que Giorgio Agamben définit ce terme – et un dialogue entre le verbal et le visuel qui mène à une redécouverte du passé par le biais d’une réécriture biblique de la Passion. Ce dialogue mène au dévoilement d’éléments traumatiques passés, appartenant à l’histoire irlandaise et à l’histoire personnelle du poète – c’est-à-dire les couvents de la Madeleine et l’internement du poète dans des institutions psychiatriques suite à la décision de son père. Il s’agit d’une dénonciation de ce qui a été accompli au nom du père/Père. Dans ce palimpseste, le poète superpose l’image de la croix de di Paolo à celle d’une jeune fille, une pietà inversée, et à celle de la chute d’eau de Powerscourt située dans le comté de Wicklow en Irlande. Ce faisant, il utilise ce que Georges Didi-Huberman nomme « la paradoxale fécondité de l’anachronisme ». Enfin, les effets intratextuels ajoutent de nouvelles couches et une nouvelle épaisseur à ce palimpseste. C’est pourquoi cet article s’achève sur un parallèle entre « The Crucifixion » et un ouvrage que Paul Durcan a créé en collaboration avec le peintre irlandais Gene Lambert, In the Land of Punt (1988), et plus spécifiquement avec deux tableaux et poèmes intitulés « First Love » et « Crucifixion » – puisqu’un des buts de ce projet était de dénoncer ceux qui ne tolèrent pas la différence ainsi que leurs actions, comme la censure ou l’internement.