9 juillet 2021
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Astrid Maes, « Revisiting Foundational Fictions in William Faulkner’s Absalom, Absalom! and Carlos Fuentes’s “Sons of the Conquistador” », Polysèmes, ID : 10.4000/polysemes.8643
Cet article s’intéresse à la collusion des destins intimes et nationaux dans deux variations sur de récits de fondation : le roman de William Faulkner Absalon, Absalon ! et la nouvelle de Carlos Fuentes « Les fils du conquistador ». Les deux auteurs explorent les relations entre frères et entre pères et fils au sein de deux pays multiculturels, le Sud des États-Unis aux alentours de la guerre de Sécession et le Mexique au début de la colonisation espagnole. Les œuvres à l’étude présentent chacune une figure de père fondateur : Hernán Cortés, qui a conquis le Mexique, et Thomas Sutpen, le petit blanc devenu planteur. Dans le sillage de la littérature interraciale du XIXe siècle, ces récits questionnent le métissage (miscegenation ou mestizaje) à travers l’histoire de deux demi-frères : un aîné métis et un fils cadet, désigné comme héritier car né d’une mère blanche. Les nombreuses voix narratives du roman de Faulkner mêlent le tabou de l’inceste à celui du mélange des races, produisant ainsi une œuvre à plusieurs niveaux de lecture, où la peur du métissage incestueux provoque certes la chute de la famille Sutpen, mais permet également d’évoquer l’amour entre personnes de races différentes. Fuentes, qui ressent une forte affinité pour le Sud de Faulkner, a choisi de conserver la tonalité érotique et le dialogisme d’Absalon, Absalon ! dans une forme simplifiée. Bien que les tableaux que Faulkner et Fuentes brossent du métissage divergent, ils revisitent tous deux l’histoire de leur pays afin d’interroger la complexité des relations interpersonnelles et la possibilité de vivre dans une nation multiraciale. Enfin, nous verrons que le concept de créolisation défini par Édouard Glissant offre une alternative possible au pessimisme qui conclut les deux œuvres.