Les primates non humains ont-ils une théorie de l’esprit ?

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23 janvier 2018

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Camille Guillier, « Les primates non humains ont-ils une théorie de l’esprit ? », Revue de primatologie, ID : 10.4000/primatologie.2781


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L’expression « théorie de l’esprit » réfère à la capacité d’attribuer des états mentaux à soi-même et aux autres. Les états mentaux étant de différents types (intentions, connaissances, etc.), la théorie de l’esprit englobe plusieurs aptitudes. Celles-ci se retrouvent-elles chez d’autres animaux, notamment chez les primates non humains, ou sont-elles propres à notre espèce ? Cette question a fait l’objet de près de 40 ans de recherche et, en dépit de difficultés méthodologiques et de controverses persistantes, des avancées importantes ont été réalisées, en particulier depuis le début des années 2000. De sorte que l’on sait aujourd’hui que les grands singes adaptent leurs comportements aux buts, aux intentions, aux connaissances des autres, ainsi qu’à leur perspective visuelle et, avec apparemment plus de difficulté, leur perspective auditive. Des études récentes suggèrent que ces hominidés ont également une compréhension, certes implicite, des fausses croyances, une aptitude qui semblait jusqu’ici spécifique à l’humain. Or l’attribution de fausses croyances est l’élément fondamental de la théorie de l’esprit, car elle nécessite de concevoir que l’état mental d’un individu peut ne pas correspondre à la réalité, et donc que les états mentaux sont des représentations que l’on se fait du monde, plutôt que des reflets fidèles de celui-ci. De futures investigations devraient permettre d’expliquer la divergence entre les résultats de ces études récentes et ceux des études antérieures, mais aussi de mieux comprendre la nature des difficultés rencontrées par les grands singes en ce qui a trait aux états mentaux non congruents avec la réalité. En dépit d’efforts notables, la recherche tend encore à se concentrer sur ces espèces d’hominidés, tout particulièrement sur les chimpanzés, si bien que l’on en sait encore relativement peu sur les compétences des autres primates. La compréhension des perspectives visuelle et auditive, ainsi que celle du lien entre ces modalités sensorielles et l’acquisition d’informations ont toutefois été mises en évidence chez des singes de l’Ancien Monde, et l’attribution de buts et d’intentions s’étendrait même à des espèces du Nouveau Monde. Ainsi, ce qui semblait être une différence de nature entre l’humain et les autres primates serait davantage une différence de degré.

Theory of mind, the ability to attribute mental states to oneself and to others, is a multifaceted phenomenon as there are different kinds of mental states (intention, knowledge, belief, etc.). Is theory of mind present in other animals, particularly in nonhuman primates, or is it unique to humans? This question has been investigated for almost 40 years and, despite some methodological difficulties and controversies (e.g. mindreading vs. behavior-reading), important advances have been made since the early 2000s. In fact, we now know that great apes behave according to others’ goals, intentions, visual perspective, and knowledge, and, to a lesser extent it seems, to others’ auditory perspective. Furthermore, recent studies suggest that these hominids also understand false beliefs, albeit implicitly, a capacity that was previously thought to be found only in humans. Understanding false-belief is central to theory of mind as it requires one’s to realize that mental states are internal representations rather than direct reflections of reality, and can therefore be inaccurate. Future investigations should explain the discrepancies between these recent studies and previous ones which reported negative results, and should also clarify the nature of the difficulties experienced by great apes when it comes to reality-incongruent mental states. Although noteworthy efforts have been made, research is still mostly centered around great apes, especially chimpanzees, so much so that we still know very little about theory of mind abilities in other primates. Visual and auditory perspective-taking have nevertheless been reported in some Old World monkeys, as well as their understanding that knowledge is acquired through these sensory modalities. Some work has also shown ability to attribute goals and intentions to others in New World monkeys. Thus, what seemed to be a difference of kind between humans and other primates now appears to be mainly one of degree.

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