4 avril 2018
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Claude Marcel Hladik et al., « Réflexions sur les variations, dans le temps et dans l'espace, des ressources alimentaires de deux espèces sympatriques de semnopithèques », Revue de primatologie, ID : 10.4000/primatologie.2803
Les observations de terrain sur lesquelles portent les présentes réflexions ont été effectuées en continu à Ceylan (le Sri Lanka actuel) au cours des années 1969-1970. Elles sont focalisées sur le comportement alimentaire et l'utilisation de l'espace par deux espèces sympatriques de semnopithèques consommateurs de feuillages alors nommées Presbytis senex et P. entellus. Bien que leurs régimes alimentaires respectifs furent d'abord décrits comme analogues, nos méthodes de quantification des prises alimentaires ont permis de mettre en évidence des différences bien nettes dans les choix des espèces végétales et dans les compositions des régimes qui en résultent. Ces différences portent en particulier sur les teneurs en fibres car les plantes les plus communes — celles qui sont davantage utilisées par P. senex — ont aussi les feuillages les plus riches en fibres. Par ailleurs le milieu forestier où les primates cohabitent a pu être cartographié en localisant les surfaces de couverture des différents arbres à partir d'une photo aérienne prise à basse altitude. Sur la carte détaillée des ressources alimentaires ainsi obtenue, nous avons pu localiser les territoires des différents groupes de primates — d'après les observations réalisées l'année précédente par nos collègues de la Smithsonian Institution — puis calculer les quantités de nourriture disponibles pour chacun des groupes. Les petits groupes de P. senex étaient peu mobiles sur des territoires de faible surface (2 à 7 ha) tandis que les groupes de P. entellus, occupaient des territoires plus vastes (10 à 15 ha) où ils consommaient un plus grand nombre d'espèces végétales. Nous discutons de la généralisation chez les primates (et les autres mammifères) de tels systèmes de régulation de la répartition spatiale dans le temps long en relation avec la perception gustative et de l'importance relative de la satiété par rapport à la composante hédonique. Ils déterminent un continuum entre les espèces à ressources peu diversifiées formant de petits groupes peu mobiles — et les espèces à ressources très diversifiées formant de grands groupes très mobiles.