Rendre compte des tensions et hégémonies épistémiques qui sous-tendent la production de savoirs sur l’Afrique

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1 mars 2021

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Guillaume Beaud, « Rendre compte des tensions et hégémonies épistémiques qui sous-tendent la production de savoirs sur l’Afrique », Revue d’anthropologie des connaissances, ID : 10.4000/rac.18193


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L’étude des logiques qui encadrent les processus de production de savoirs sur l’Afrique contemporaine tend à opposer deux conceptions. D’une part, la nécessité d’encourager le mouvement d’africanisation des chercheurs et cadres épistémologiques employés afin de saisir la complexité des dynamiques empiriques locales. D’autre part, celle de reconnaître la pertinence et le poids historique d’appareils théoriques façonnés en universités occidentales, à l’image des approches postcoloniales. Ce papier entend éclairer les modalités de ce débat, par l’étude empirique de la revue African Identities, publiée au Royaume-Uni, qui souhaite faire dialoguer et concilier ces perspectives. Il repose sur la constitution d’une base de données prosopographique et quantitative retraçant à la fois les trajectoires biographiques des contributeurs de la revue, les citations employées dans leurs travaux et les pays d’étude des travaux publiés (2003-2018). À l’aune des débats épistémologiques qui traversent les ambitions éditoriales de la revue et l’étude de l’Afrique plus généralement, l’analyse de ces données met en lumière les modalités et limites du processus d’africanisation de la production scientifique.

Accounting for mechanisms underpinning knowledge production on contemporary Africa tends to oppose two views. On the one hand, the need to encourage the africanisation trend, of both researchers and epistemological frameworks used, in order to grasp the complexity of local empirical dynamics. On the other hand, acknowledging the relevance and historical weight of theoretical apparatuses designed in Western universities, as postcolonial studies. This paper attempts to shed light on such conceptual debate, through an empirical study of the African Identities, an academic journal published in the United Kingdom, advocating to conciliate and promote dialogue between such perspectives. This work relies on the development of a prosopographic and quantitative database compiling both African Identities contributors’ biographical trajectories, academic reference utilised, and countries studied by the published works (2003-2018). In view of epistemological debates that infuse the journal's editorial ambitions and the study of Africa more broadly, the analysis of collected data underlines modalities and limits to the africanisation process of scientific production.

El estudio de las lógicas que enmarcan los procesos de producción de conocimiento en el África contemporánea tiende a oponer dos concepciones. Por una parte, la necesidad de fomentar el movimiento de africanización de los investigadores y los marcos epistemológicos empleados para comprender la complejidad de las dinámicas empíricas locales. Por otro lado, la necesidad de reconocer la relevancia y el peso histórico de los aparatos teóricos conformados en las universidades occidentales, a imagen de los planteamientos postcoloniales. El presente documento tiene por objeto arrojar luz sobre las modalidades de este debate, mediante el estudio empírico de la revista African Identities, publicada en el Reino Unido, que trata de entablar un diálogo y conciliar estas perspectivas. Se basa en la constitución de una base de datos proseográfica y cuantitativa que rastrea tanto las trayectorias biográficas de los colaboradores de la revista, como las citas utilizadas en sus trabajos y los países de estudio de las obras publicadas (2003-2018). A la luz de los debates epistemológicos que atraviesan las ambiciones editoriales de la revista y el estudio de África en general, el análisis de esos datos pone de relieve las modalidades y los límites del proceso de africanización de la producción científica.

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