18 juin 2006
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Pascale Pellerin, « Naigeon : une certaine image de Diderot sous la Révolution », Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, ID : 10.4000/rde.104
Parmi tous les proches et les amis de Diderot, Naigeon est une figure centrale pour saisir la réception de l’encyclopédiste durant la Révolution. Légataire des œuvres de Diderot, Naigeon est le seul à se réclamer de lui jusqu’à la chute de Robespierre. La publication des premier et deuxième tomes de la Philosophie ancienne et moderne pour l’Encyclopédie méthodique de Panckouke constitue autant une tribune politique — Naigeon y combat les rois et les prêtres — qu’une défense de l’homme Diderot et de sa philosophie matérialiste, contre même l’abbé Morellet, par exemple, philosophe ennemi de la violence révolutionnaire symbolisée par la célèbre formule du curé Meslier. En 1798, Naigeon publie une nouvelle édition en quinze tomes des Œuvres de Diderot. Entendant dédouaner son grand homme de toute collusion avec Babeuf et la conjuration des Égaux, il y attaque les contre-révolutionnaires, particulièrement Fontanes et La Harpe, qui profitent du procès Babeuf pour transformer le Philosophe en révolutionnaire violent et sanguinaire avant la lettre, mais il ne manque pas de réprimander Diderot lui-même pour son libertinage excessif, notamment dans Jacques le Fataliste. Naigeon se heurte également à la fille de Diderot qui se sent dépossédée des œuvres de son père et se tourne vers Meister, contre-révolutionnaire, pour qu’il établisse une critique de l’édition de 1798. Naigeon a sans doute confondu son attachement à Diderot avec son engagement dans la Révolution. Mais cette confusion porte en elle l’une des images multiples du Philosophe.