18 juin 2006
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Michèle Crampe-Casnabet, « Qu’appelle-t-on sentir ? », Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, ID : 10.4000/rde.114
La question de la fonction des sens dans les mécanismes de la connaissance est aussi ancienne que la réflexion qu’on appelle philosophique. Avec l’extension des théories qui surtout au Siècle éclairé mettent en interrogation les systèmes abstraits, l’existence des idées innées, affirment le rôle primordial de la sensation dans le procès de connaissance, la question se radicalise : connaître prend sa source dans le sentir. Mais y a-t-il un sens privilégié ? la vue, le toucher... ? Comment les sensations se combinent-elles pour aboutir à la formation des idées ? Si les sensations portent en elles-mêmes la visée d’un objet extérieur, suffisent-elles à prouver l’extériorité — hors de nos représentations — des objets ? Un homme privé d’un sens peut-il accéder à la connaissance ? La question des aveugles nésopérés est ici prégnante. Les philosophies « empiristes » du Siècle éclairé ne sont pas unifiables. Elles conduisent contradictoirement à des conclusions idéalistes ou matérialistes. Les premières peuvent être appelées aveugles, les autres sourdes. Mais on ne sort pas de l’empire des sens.